Le 20e de cavalerie – 1965

Prépublication dans « Spirou » (1356-1377) d’avril à septembre 1964.

Incontestablement, l’un des albums les plus réussis de la série. L’un des plus puissants aussi, ne serait-ce que par sa couverture représentant Lucky Luke saluant au loin, avec les jambes arquées d’un militaire au premier plan.
Les auteurs et le gouvernement américain envoient goûter Lucky Luke aux joies de la vie militaire. Voilà comment il partage la vie d’une garnison perdue dans le Wyoming, chargé de prévenir toute rébellion des indiens. LL est ici utilisé pour ses qualités de diplomate, il  doit faire le tampon entre le rigide Colonel McStraggle et les tribus qui l’entourent. Une ambiance à la John Ford par excellence , l’album est d’ailleurs adapté du film  « Massacre à Fort Apache » .

L’album est marqué par la personnalité  du colonel Mac Straggle, officier très strict,  qui a en plus la particularité d’avoir son propre fils sous ses ordres. Obsédé par l’idée qu’on puisse le soupçonner de favoritisme, il n’a de cesse d’infliger des brimades à son rejeton. Cette situation constitue le grand gimmick de cette histoire. Elle s’imprimera dans la mémoire de millions de lecteurs, sans doute l’une des meilleures idées de Goscinny, toutes séries confondues. Les personnages secondaires tels  le blanchisseur chinois Ming li Foo (premier asiatique à se voir attribuer un rôle significatif) et le marchand de chapeau Bowler sont particulièrement réussis. La vision des indiens reste sommaire mais très proche de celle de « Les collines noires », bon bougres manipulés par des trafiquants sans foi ni loi.

Un vrai chef d’oeuvre 

Le récit est soutenu par une forme de tension, une pression qui s’exerce sur une communauté recluse dans un lieu clos. Les couleurs y sont un peu plus sombres que dans d’autres aventures, ce qui correspond  bien à la tonalité de cette aventure.

Cet album est un vrai chef d’oeuvre. De l’avis de bien des observateurs, il constitue l’un des sommets de l’humour de René Goscinny.  Sur le site Babelio, un(e) internaute nommé(e) Nastasia-B a écrit une critique magistrale qui commence ainsi : « Voici un album que je trouve réellement excellent. Assez comparable sur le fond à l’album ultérieur Canyon Apache, René Goscinny réussit ici un dosage parfait : des personnages aux caractéristiques bien définies, un scénario simple mais efficace et surtout, une immense cargaison d’humour comme rarement on en aura vu autant, même chez le pourtant très drôle Goscinny. »

Nastasia B analyse sept ressorts comiques distincts présents dans cette histoire :  comique de récurrence, comique de situation, comique satirique, comique de jeux de mots., comique par l’absurde, le comique de dérision, le comique de formule. 

La référence : le film semble inspiré de « Massacre à Fort Apache » (Fort Apache) de  John Ford,  sorti en 1948 avec John Wayne avec Henry Fonda et Shirley Temple.  

Le gag

Les chapeaux troués.

La réplique

« Sergent, vous punirez cet homme. »

Caricature

Randolph Scott (acteur américain, 1898-1987). Spécialiste des westerns  pendant trente ans, il ne jouait toutefois pas dans « Fort Apache ». Il était considéré comme une incarnation du genre, presque au niveau d’un John Wayne.