Les personnages secondaires
Les croque morts et Mathias Bones
Les croque-morts sont vite devenus des personnages classiques de la série Lucky Luke. Ils apparaissent dans plusieurs albums, un peu en arrière plan, comme des personnages cyniques prêts à profiter des situations les plus dramatiques. Ils sont souvent associés à des vautours, l’oiseau charognard par excellence. On les trouve dans « Le Juge », « Les Rivaux de Painful Gulch », « La Caravane », « L’Escorte », « Le Pied Tendre », « Dalton City »…. Ils ne sont pas forcément nommés et évoluent en arrière-plan de l’Histoire. Mais une figure particulière s’est imposée dans l’imaginaire collectif, celle de Mathias Bones, qui n’apparaît pourtant pas dans un album classique, mais dans le dessin animé long métrage : « Daisy Town » (1971). Puis il fut reconvoqué dans plusieurs albums post goscinny. Son graphisme particulièrement réussi avec cette tête allongée et ce crâne chauve explique sans doute ce succès. Il s’est imposé comme LE croque-mort de Lucky Luke au point de faire l’objet de figurines vendues dans le commerce. Son visage rappelle celui d’un acteur français, Daniel Emilfork (1924-2006).
Jolly Jumper
Jolly Jumper est le cheval exclusif de Lucky Luke. Il apparaît dès le début de la série à l’époque de Morris seul. On le voit dès « Arizona 1880 », « La Mine d’or de Dick Digger ». Il forme avec Lucky Luke un vrai duo, on serait même tenté de dire « Un couple » dont Jolly Jumper serait l’élément féminin.
Au fil des aventures, il va devenir un personnage à part entière. Un cheval parlant qui fait part aux lecteurs de ses réflexions personnelles sur la situation en cours. Morris en solo le fait parler brièvement à trois reprises. Mais il faut attendre l’arrivée de René Goscinny pour qu’il trouve sa vraie personnalité. Le tournant se fait au moment de « Sur la piste des Dalton », album fondamental qui fait basculer la série vers son âge d’or. Jolly Jumper émaille le récit de ses impressions, brèves et souvent ironiques. S’engage une relation assez subtile entre Lucky Luke et lui. Le cow boy lui parle, il sait qu’il est compris. Jolly Jumper commente, mais on n’a pas la certitude que son maitre entend vraiment ce qu’il il dit. Il n’y pas de dialogue entre les deux à une exception près dans une case de l’album Jesse James.
Par ailleurs, René Goscinny dote Jolly Jumper d’une intelligence prodigieuse, il en fait un cheval savant et particulièrement adroit et débrouillard, capable de compter, de jouer aux échecs, de pêcher ou de faire du funambulisme. Jolly Jumper n’est pas sans défaut. Il est aussi assez hautain, il prend souvent de haut les autres chevaux et il méprise souverainement Ran Tan Plan, dès leur première rencontre.
Sur le plan zoologique, Jolly Jumper est un cheval Appaloosa, race qui s’est formée aux Etats-Unis par certaines tribus indiennes, alors que le cheval avait été introduit en Amérique par les Européens.
Ran Tan Plan
Ran Tan Plan est un chien qui vit dans un pénitencier du Texas. Il apparaît dans « Sur la Piste des Dalton », sorti en 1962 il s’impose très vite comme un acteur majeur de la série, toujours en compagnie des Dalton. Ce chien stupide est conçu comme une parodie de Rin Tin Tin, berger allemand héros plusieurs films et de séries à partir des années 20. Avec Ran Tan Plan, René Goscinny imagine l’un des personnages les plus marquants de son œuvre. Le chien évolue en marge de l’Histoire dont il ne comprend pas les tenants et les aboutissants. Ran Tan Plan, n’est ni bon ni méchant, il est neutre. Il ne se fait remarquer que par ses défauts. Ses interventions se déroulent à contretemps où produisent des effets qu’il ne désire pas. Il s’exprime, mais seul le lecteur connaît ses pensées. Au contact des Dalton, il trouve de l’affection auprès d’Averell, le Dalton le plus naïf. Ran Tan Plan prendra une telle importance dans la série et dans l’imaginaire des lecteurs que son nom sera cité dans un titre d’album : « L’Héritage de Ran Tan Plan » en 1973. Après la mort de René Goscinny, Ran Tan Plan aura même droit à sa propre série entre 1987 et 2011.
Les Dalton
Les quatre frères Dalton sont apparus en deux temps dans la série. Dans l’album « Hors-la-loi », Morris seul met d’abord en scène les quatre Dalton historiques, Bob, Grat, Bill et Emmett. Mais pour être à peu près fidèle à la réalité, il les fait mourir à la fin de l’histoire, c’est le fameux braquage de Coffeyville, Kansas de 1892 Même si dans la réalité, ils n’étaient que trois ce jour-là, Bill, le quatrième frère faisait une « carrière » de son côté.
Six ans après, Goscinny les ressuscite via leurs cousins, Joe, Jack, William et Averell qui leur ressemblent comme des gouttes d’eau. Il en fait les protagonistes de l’album « Les cousins Dalton » (après une apparition fugace dans LL contre Joss Jamon »). Le quatuor va devenir très vite un élément majeur de la série. Sous la signature de Goscinny nom apparaît dans le titre de neuf albums, dans un dixième : « L’Héritage de Ran Tan Plan », ils jouent un rôle important sans être cités dans le titre.
Les quatre frères sont les ennemis jurés de lucky Luke qui est souvent chargé de les rattraper après une évasion de pénitencier. Très vite, deux d’entre eux se distinguent : le plus petit Joe est le chef, colérique et teigneux. Averell est le plus grand par la taille, ahuri, naïf et décalé et boulimique. On lui doit l’expression ; « Quand est-ce qu’on mange ? » passée dans le langage courant. Leur opposition à Lucky Luke sera l’un des moteurs de la série. Ils deviendront aussi connus que le personnage-titre, au point de servir de référence à des expressions populaires. Le chanteur Joe Dassin leur consacrera même une chanson dès 1967.