Présentation générale

Lucky Luke, le cow boy le plus célèbre de la bande dessinée franco-belge. Depuis les années 50, le succès de la série est énorme.

Lucky Luke est l’une des bandes dessinées franco-belge les plus populaires à l’instar de Tintin, d’Asterix ou de Gaston Lagaffe. Paradoxe, puisqu’elle a presque exclusivement pour cadre les Etats-Unis et l’univers du Western, traité sur le mode humoristique et parodique. Elle a été traduite en une trentaine de langues et le total de ses ventes est estimé à 250 millions d’exemplaires. C’est en fin d’année 46 que le personnage de Lucky Luke apparaît dans une histoire appelée « Arizona 1880 » publiée dans l’édition française de l’hebdomadaire belge « Spirou », propriété des éditions Dupuis. L’histoire sera reprise dans l’Almanach de l’année 46 (France et Belgique).

Le premier album « La Mine d’or de Dick Digger » est édité en 1949. A ce jour, la série existe toujours, Lucky Luke compte 95  albums, tous dessinés par le même homme Maurice de Bévère, dit Morris, le père de Lucky Luke, qui aura travaillé avec plusieurs scénaristes dont le fameux René Goscinny, un créateur de génie qui a donné une nouvelle dimension au personnage à partir du milieu des années cinquante, en enrichissant les scénarii et en inventant une série de personnages extraordinaires tels que Ran Tan Plan, le chien stupide et bien sûr les célèbres Dalton, aussi bêtes que méchants, et qui deviendront aussi connus que le personnage-titre.

Le ressort des albums est basé sur le comique avec une profusion de gags dont certains sont déclinés plusieurs fois dans la même histoire (le running gag). La force de Goscinny est de constamment se renouveller alors qu’il est a priori prisonnier d’un genre, le Western, qui limite le contexte géographique des histoires à la différence d’Asterix ou de Tintin par exemple, libres d’aller et venir dans le monde entier. Les auteurs décident donc de se rattraper en travaillant énormément les personnages et surtout les méchants, les ennemis de Lucky Luke. Pour donner de temps en temps une touche d’exotisme, Morris et Goscinny contournent la quasi-impossibilité de quitter le Far West en faisant venir des hommes de l’étranger, chose tout à fait crédible puisque nous sommes en pleine période d’immigration.

Lucky Luke est aujourd’hui devenu ce qu’on appelle un classique, ses personnages sont cités dans des contextes qui n’ont parfois rien à voir avec la bande-dessinée et leur effigie a été utilisée pour faire la promotion d’une infinité d’articles. Lucky Luke a dépassé le cadre de la bande dessinée puisqu’il a été également le héros de trois dessins animés long métrages pour le cinéma et deux séries pour la télévision, la première produite par la société américaine Hannah Barbera et la seconde par la société française Xilam Animation avec notamment la voix d’Antoine De Caunes pour le personnage de Lucky Luke et celle de Francis Perrin pour Ran Tan Plan.

Morris en solo

Lucky Luke et son fidèle compagnon, le cheval Jolly Jumper.

Les huit premiers albums, de « La mine d’or de Dick Digger » à « Lucky Luke contre Phil Defer » sortis entre 49 et 56 entièrement conçus par le Belge Maurice De Bévère, dit Morris, le créateur de Lucky Luke.

Les touts premiers font figure de brouillon. Le dessin y est encore très rond, influencé par les dessins animés. Le personnage même de Lucky Luke y est presque méconnaissable par rapport à la silhouette qui le rendra célèbre à partir du milieu des années cinquante. Les histoires sont assez sommaires. « La Mine d’Or de Dick Digger », « Rodéo », « Sous le Ciel de L’Ouest » rentrent dans cette catégorie. À partir du numéro 5 les intrigues deviennent plus « sophistiquées ». Les gags sont plus efficaces et les personnages sont plus travaillés. « Hors la Loi , « Lucky Luke contre Pat Poker », « Lucky Luke contre Phil Defer », « L’Elixir du Docteur Doxey » rentrent dans cette catégorie. À cette époque, Lucky Luke n’est pas encore un gentleman. Il s’exprime de façon désinvolte et presque vulgaire.

La toute première apparition de Lucky Luke en 1946. Le graphisme était encore influencé par le style Disney.

Morris et Goscinny

Le chien Rantanplan, trouvaille géniale de René Goscinny. Il est apparu dans « Sur la piste des Dalton » en 1960

Les 39 albums sortis entre 1957 et 1977 sont toujours dessinés par Morris qui s’est adjoint les services du Français René Goscinny au scénario. Goscinny inaugure cette collaboration par « Des Rails sur la Prairie ». mais il ne signe pas officiellement. Son nom n’apparaîtra qu’à partir de « Les Rivaux de Painful Gulch », (Lucky Luke 19) sorti en 1961. Il signera tous les autres albums de Lucky Luke jusqu’à « Le fil qui chante », sorti l’année sa mort brutale en 1977. Jusqu’en 1967, les aventures de Lucky Luke sont publiées dans l’hebdomadaire Spirou, édité par les Editions Dupuis. En 1968, la série migre dans un autre hebdomadaire, Pilote, dont René Goscinny est le rédacteur en chef et dont les thèmes sont plus adultes.

Incontestablement, la série a bénéficié de ce transfert. Les auteurs peuvent ainsi aborder des thèmes nouveaux et quelques albums extraordinaires voient ainsi le jour comme par exemple « La Guérison des Dalton » clairement adressé à un public adulte. Libéré des carcans de la presse enfantine, Goscinny introduit une part d’ambiguïté dans ces histoires, la frontière entre les bons et les méchants n’est plus aussi tranchée, même si Lucky Luke lui même demeure le héros au cœur pur qu’il a toujours été. « Canyon Apache », « Le Chasseur de Primes », « L’Héritage de Ran Tan Plan » appartiennent à cette catégorie d’albums modernes. Dans ces années-là, Goscinny met même en scène un Lucky Luke en légère difficulté (Le Cavalier Blanc, La Guérison…, mais il avait commencé dès « Les Dalton se rachètent ») pour apporter encore plus de richesse à la série.

Les tirages augmenteront en conséquence. Chaque album sera vendu à au moins 200-300 000 exemplaires. Dans le même temps, Lucky Luke était utilisé pour faire la promotion d’une infinité d’articles : des yahourts, de la moutarde, des draps, de la tapisserie etc, qui ont fait du cow boy solitaire l’un des personnages fictifs les plus célèbres en France et en Belgique.

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Les légendaires frères Dalton. Apparus dans « Les cousins Dalton » en 1957. Ils étaient en fait les cousins des vrais Dalton, que Morris avait fait mourir cinq ans avant. Goscinny les a ressuscités à sa façon.

L’après Goscinny

Après la mort de Goscinny en novembre  1977, Morris continuera à dessiner Lucky Luke avec le concours de différents scénaristes tels que Vicq, Guy Vidal, Bob de Groot, Lo Hartog Van Banda ou Xavier Fauche et Jean Léturgie. Avouons-le, ils n’ont pas égalé le maître. D’où un sentiment de déception et parfois de rejet des fans pour les albums des années 80-90-2000 même si certains se laissent quand même lire sans déplaisir tels « Le magot des Dalton », « La fiancée de Lucky Luke » ou « La chasse aux fantômes ». A partir des années 90, même le trait de Morris et ses couleurs s’affadirent, contribuant au déclin de la série même si les ventes se maintenaient..
Pour plusieurs critiques comme Mathieu Lindon de « Libération », Lucky Luke a bien mieux résisté à la mort de Goscinny qu’Asterix par exemple dont les derniers albums sont très décevants du point de vue du scénario. Mais force est de constater que les Lucky Luke d’après 1977 ne retrouveront jamais la force de ceux parus entre 58 et 77 (l(âge d’or de la série). Ils marqueront au contraire une certaine régression vers un style plus « enfantin » avec moins de profondeur dans les thèmes et surtout des psychologies de personnages nettement plus sommaires. Après la mort de Morris en 2001, la série a été reprise par le dessinateur Achdé (Hervé Daubenton). Les scénarios seront repris par l’imitateur Laurent Gerra, puis par l’écrivain Tonino Benaquista.

Mais en 2016, un auteur français Mathieu Bonhomme sort un album de Lucky Luke, redessiné dans une veine plus réaliste et plus sombre. « L’Homme qui tua Lucky Luke » . Une sorte de nouvelle série parallèle. Cette curieuse initiative se révéla comme une  vraie réussite à nos yeux, Lucky Luke se régénère au lieu de sombrer dans la médiocrité. Mathieu Bonhomme  récidiva en 2021 dans le même style avec « Wanted Lucky Luke ».  

Lucky Luke au cinéma et à la télévision

Lucky Luke incarné ici par l’acteur Jean Dujardin.

Lucky Luke a été adapté sous forme de quatre dessins animés long métrage : « Daisy Town » (1971), « La Ballade des Dalton » (1978),  » Les Dalton en « Cavale » (1982) et « Tous à l’Ouest » (2007). René Goscinny a participé aux deux premiers.

La série a fait aussi l’objet de deux séries télévisées produites par Hannah Barbera en 1983 et par Xilam Productions en 2001.


Enfin, Luky Luke a été le héros d’un vrai film de cinéma en 1983. L’acteur italien  Terence Hill l’a mis en scène tout en incarnant le personnage titre.
En 2004, est sorti « Les Dalton », un film de Philippe Haïm avec l’Allemand Til Shweiger dans le rôle de Lucky Luke, Marthe Villalonga dans le rôle de Ma Dalton et les humoristes Eric et Ramzy (auteurs du scénario) dans le rôle de Joe et d’Averell..


En 2009, le film « Lucky Luke » de James Huth est sorti avec Jean Dujardin dans le rôle titre,  Michaël Youn dans le rôle de Billy the Kid, Sylvie Testud dans celui de Calamity Jane et Melvil Poupaud en Jesse James.