Le Cavalier blanc – 1974

Prépublication dans « Lucky Luke » en 1974-75

Après « Western Circus ». Lucky Luke retrouve le monde du spectacle puisqu’il rencontre une troupe de théâtre itinérante spécialisée dans le mélodrame. La figure marquante de cette troupe s’appelle Whitaker Baltimore, caricature de John Barrymore, acteur resté célèbre par son regard magnétique et son admirable gestuelle. Il a notamment tourné dans « Grand Hôtel » (1934) avec son frère Lionel et Greta Garbo ainsi que dans « Romeo et Juliette » (1936) de George Cukor et dans « Train de Luxe » (1934) de Howard Hawks. Cet album est génial aux trois quart.
Le mystère qui entoure l’intrigue est captivant avec une vraie montée du suspense mais, on ne peut qu’être déçu par le dénouement un peu bâclé, c’est sans doute là la l’inconvénient d’un album de 44 planches, un format forcément limité dans le développement d’une histoire. L’histoire est intéressante aussi car on n’y voit un Lucky Luke aux prises avec de grosses difficultés scéniques. Obligé de monter sur les planches, il ne retrouve pas l’assurance qui est la sienne dans sa vie quotidienne.
Il est aussi souvent menacé par la vindicte des habitants de l’Ouest qui sont à deux doigts de le pendre. On voit même Lucky Luke perdre sa contenance face à un mineur menaçant. Rarement, on l’aura vu subir à ce point les aléas d’une aventure. Goscinny donne l’impression de s’être vraiment lassé de la perfection de son héros. Il prend un malin plaisir à le déstabiliser. On en avait eu des prémices dans « Le Grand Duc ». On retrouvera ce genre de situation dans « La guérison des Dalton » et, à un degré moindre dans « Empereur Smith ». 
Sur le plan graphique, Morris s’offre un petit plaisir en dessinant des mineurs entièrement noirs comme des simples silhouettes, un peu comme André Franquin le fera dans ses célèbres « idées noires ». Pour la première fois depuis longtemps (depuis « Le Juge »), Lucky Luke est montré en train d’exercer son premier métier de cow boy puisqu’il revient à Nothing Gulch après avoir vendu un troupeau à Abilene pour 10 000 dollars et ce, pour le compte de son ami, le jovial Hank Wallys, une sorte de petit frère de Hank Bully, le cocher de « La diligence ».

La réplique

« À nous deux, infâââme ».

Caricatures

John Barrymore (acteur américain, 1882-1942).
Hank Wallys est la caricature d’Andy Devine (Jermiah Schwartz, 1905-1977), un acteur spécialisé dans les rôles de gros. Il a notamment joué dans « La chevauchée fantastique » de John Ford. Il est le cocher de la diligence, le rôle que tient la caricature de Wallace Beery dans l’album du même nom, l’album adapté du film

Curiosité

Cet album est passé en feuilleton dans l’éphémère mensuel « Lucky Luke », qui n’a connu que 12 numéros en 1974 . Il flirtait pourtant avec les 100 000 exemplaires.

Lucky Luke découvre un nouvel univers, celui du théâtre.