
À notre sens, cet album marque vraiment le début de l’ère Goscinny. Après trois albums passés à forger son style, il tente pour la première fois de créer un album conçu comme une vraie histoire avec une trame narrative qui court sur les 44 pages, et non plus comme une succession de situations cocasses.
Le sujet de l’album repose sur la personnalité extravagante de Roy Bean (inspiré d’un personnage réel), un prétendu juge, qui rançonne et terrorise la population de Langtry (Texas), une bourgade situé à l’Ouest du Pecos, le fleuve qui marquait à l’époque la fin de la civilisation. Lucky Luke va bien sûr combattre ce personnage cynique, cruel, cabotin et illettré, adepte de la justice spectacle. Les moments forts des albums sont constitués par les intervention de l’ours Joe, à qui Roy Bean confronte les justiciables.
Comme d’habitude, les habitants de la ville sont peureux et en plus, superstitieux, seule la peur des fantômes parvient à les pousser à la révolte. A noter que Lucky Luke par son charisme et sa bonté naturelle remettra le juge dans le droit chemin, mais il fait preuve aussi de rouerie en favorisant l’émergence d’un second malfaiteur de poids, Bad Ticket, seul moyen de contrecarrer l’influence de Roy Bean.
« Qu’on les pende ! »
Curiosités
Pour la dernière fois avant longtemps, c’est à dire quinze ans et « Le Cavalier Blanc », Lucky Luke est mis en scène en tant que cow boy au sens premier du terme. C’est à dire qu’il est chargé d’accompagner un troupeau de Austin (Texas) à Silver City (Nouveau Mexique).
Le récit est précédé d’un article fouillé qui raconte la vie du vrai Roy Bean, photos à l’appui. Dommage que cette veine documentaire n’ait pas été renouvelée plus souvent.
Avec cet album, se termine la numérotation par Morris des planches d’un album à l’autre. La dernière planche est la 566.
Cet album a été adapté au cinéma en 1971 par Jean Girault, mais curieusement, le personnage de Lucky Luke n’apparait pas dans l’histoire. Le personnage de Roy Bean est incarné par le chanteur Pierre Perret. On trouve aussi Robert Hossein au générique.
Un internaute nous écrit
« J’ai noté une petite incohérence dans les dialogues du Juge : revolver au poing, Lucky Luke s’avance vers Bad Ticket pour le sommer de lui rendre son bétail… Alors que ce bétail et les vachers qui le gardent ne font qu’attendre, en pleine campagne, loin de Langtry, le retour de Lucky Luke ; aucun des deux juges rivaux n’ayant pensé à confisquer le troupeau ! »
Jean-Michel Bohrer


