Le magot des Dalton – 1980

Prépublication dans VSD de décembre 1979 à avril  1980

Lucky Luke, "Le Magot des Daltons" - 1980

Le Magot des Dalton » est la première aventure de Lucky Luke publiée après la mort de René Goscinny. Morris décide de travailler avec le scénariste belge Vicq (pseudonyme d’Antoine Raymond), auteur chevronné des éditions Dupuis. Et le résultat est de très bonne facture. On n’écrira pas que Vicq se situe au niveau de René Goscinny, mais cet album mérite une place dans notre site, on peut encore le faire figurer dans la catégorie de ‘l’âge d’or » de la série. La suite ne sera qu’une longue dégradation.

On sent bien que Morris et Vicq ne voulaient pas prendre de risques. Ils utilisent les Dalton, l’un des socles de la série et les font évoluer dans un contexte très classique. Le titre banal annonce une intrigue très conventionnelle, basique pourrait-on dire, puisque les Dalton cherchent à retrouver un magot enfoui par un autre délinquant. Pas d’exotisme, pas de situation historique particulière ou d’univers inédit. Les éléments convenus de la série défilent sous nos yeux : pénitencier, sheriff, train, saloon, juges, banques, cavalerie.

Justement Vicq réussit sa variations sur ces thèmes éculés en introduisant un vrai suspense. L’histoire se développe et les gags fonctionnent assez bien ; L’influence de « La guérison… » se fait nettement sentir à travers la question du traitement des délinquants (répression ? bonté ?) et le juge Pointdexter peut-être perçu comme un avatar du professeur Otto Von Himbergest. L’idée d’utiliser les Dalton dans une situation à rebours (ils veulent se faire emprisonner à toute force) est assez bien menée. On remarque aussi que Morris et Vicq n’utilisent pas Ran Tan Plan, personnage difficile à manier sans doute, mais aussi personnage inventé par Goscinny, ce qui posait peut-être un problème de droits d’auteur.

Vicq a signé une autre aventure de Lucky Luke, « La corde du Pendu » qui donnera son titre à un autre album de Lucky Luke consacré à des récits courts (1981).

On peut regretter que Vicq n’ait pas continué sa collaboration avec Morris qui lui préféra ensuite des scénaristes moins inspirés. Mais il était un personnage à part. Il disparut brusquement en 1987 sans laisser de traces. Touché par l’alcoolisme, il était sujet à des comportements erratiques. Homme sans attaches et sans famille proche, il ne laissa aucune trace avant qu’Yvan Delporte ne se lance dans des recherches dans divers hôpitaux et s’aperçoive qu’il était décédé dans l’anonymat.

Caricatures

Louis Armstrong (musicien américain, 1900-1970).