L’Empereur Smith – 1976

Prépublication dans « Tintin » (30 à 40) d’avril à juin  1976

Après « La guérison des Dalton », les auteurs restent dans la veine psy car l’homme qui donne son nom à l’histoire est un malade mental qui mêle étroitement mégalomanie et mythomanie en se prenant pour une sorte de Napoléon du Far West. L’histoire s’inspire d’ailleurs d’un vrai personnage : un certain Joshua Norton (1819-1880) qui vécut à San Francisco et qui se prenait vraiment pour l’empereur des Français. La population l’avait pris en affection et les journaux publiait même ses décrets (mais il n’avait pas d’armée à sa disposition). 
La réussite de cet album réside dans l’atmosphère oppressante qui règne dans la ville où la plupart des notables finissent par être complices du délire de Smith, dont ils se moquaient abondamment auparavant. Jolie parabole sur la lâcheté et sur la collaboration d’une population à un régime autoritaire. L’album joue beaucoup sur le décorum et l’apparat habituellement appréciés par les parvenus : uniformes, brandebourgs et titres ronflants qui donnent à l’histoire une touche d’exotisme européen.
Le personnage de Buck Ritchie n’est pas sans intérêt. Ce truand a priori minable est l’un des seuls avec Lucky Luke et le juge Barney à rester lucide face à l’aveuglement collectif même s’il cherche à en profiter, financièrement bien sûr.

Cet album assez peu célébré est pourtant l’un des plus aboutis de la série.  Vincent Trémollet de Villers, éditorialiste au Figaro a déclaré que cet album devrait se retrouver dans toutes  les bibliothèques de sciences politiques. (Europe 1, 17 mai 2023).  

Un regret cependant : la couverture et son aplat rose assez laid.

Le gag

Les tirages d’oreille.

Curiosité

Des femmes entièrement nues apparaissent, mais elles sont sur des tableaux accrochées au mur.

Lucky Luke dans une ambiance napoléonnienne.