Les Dalton dans le blizzard – 1963

Prépublication dans « Spirou » (1256-1277) de mai à octobre 1962.

Après « En remontant le Mississippi », les auteurs jouent une seconde fois la carte de l’exotisme. Lucky Luke et les Dalton sont ici déplacés jusqu’au Canada. L’album présente aussi un intérêt esthétique, l’ambiance Grand Nord avec son manteau de neige et sa nuit qui n’en finit pas, nous dépayse des prairies et déserts des histoires habituelles. Lucky Luke est aussi obligé de s’équiper d’une canadienne, la bien nommée, pour faire face aux rigueurs du climat, ce qui renforce le côté mémorable de cet album.
Un peu comme dans « Les collines noires », l’humour joue sur le contraste entre les rudes murs du Far West et les manières plus policées du Canada, colonie anglaise à l’époque. Fantasme ou réalité historique ? En tout cas, les habitants de cette immense pays ont une conduite bien plus civile que leurs voisins du sud. Les bûcherons et les chercheurs d’or sont certes rustres, mais ils sont des petits garçons quand ils rencontrent un représentant de la loi, incarné ici par le caporal Pendergast, caricature du policier anglais flegmatique et du fonctionnaire intègre. Malgré son physique fluet, il est capable par la seule fermeté de son ton de ramener à la raison un fauteur de troubles de plus de cent kilos.
Cet album marque la confirmation de l’importance de Ran Tan Plan, convoqué pour la deuxième fois de la série, trois ans et quatre albums après sa création. Cet album est aussi intéressant dans la mesure où les auteurs semblent se lasser des « mano a mano »  entre Lucky Luke et les Dalton. Pour la première fois, ils éprouvent le besoin de créer un personnage intermédiaire (Pendergast) qui renouvelle et enrichit la relation classique qui unit le bon et les méchants. Cette ficelle sera réutilisée plusieurs fois avec par exemple Emilio Espuelas (Tortilla), Ma Dalton ou le professeur Otto Von Himbergest. (La guérison).

Cette aventure se rapproche du film « Les Tuniques écarlates » (North West Mounted Police, 1940) de Cecil B. De Mille, avec Gary Cooper et Paulette Goddard.

Curiosité

Les Canadiens sont affublés de noms francophones, mais il n’est pas clairement expliqué que l’action se passe au Québec. On peut imaginer qu’il s’agit d’un clin d’oeil des auteurs.

Le gag

Les quatre trous dans le mur.

La réplique

« Un thé avec un nuage de lait. »