L’escorte – 1966

Prépublication dans « Spirou » (1380-1401) de septembre  1964 à février 65

Dans cet album, les auteurs  décident de réutiliser le personnage de Billy the Kid. Loin d’être une pâle resucée, cette nouvelle histoire est largement au niveau de la première. Lucky Luke est chargé d’escorter le jeune truand entre le Texas où il est emprisonné et le Nouveau Mexique, où il doit être jugé.
À notre sens, cet album constitue une illustration presque parfaite du formidable talent de conteur de Goscinny. L’Histoire est un road movie. Elle ne fonctionne que sur la succession des diverses embûches que cet étrange convoi rencontre sur sa route. Lucky Luke développe des liens étroits avec son compagnon spécial, au point de s’occuper de lui, sinon comme un père, du moins comme un grand frère.

La lâcheté des « honnêtes gens » morts de peur devant le terrible gamin y est poussée à outrance pendant les deux tiers de l’album pour mieux faire place à un superbe rebondissement à la fin, assorti d’une morale claire et nette : la justice doit passer coûte que coûte, quel qu’en soit le prix.
La scène d’ouverture du rodéo est très réussie, symbolique à elle seule de tout l’humour de Goscinny. Le personnage de Bert Malloy, complice minable de Billy the Kid est particulièrement bien campé. La ville de Bulbous Town qui se résume à trois maisons seulement est très symbolique, très frappante sur le plan graphique. Rarement, on a une vision aussi synthétique de l’isolement des habitants du Far West et du triptyque, saloon, sheriff, croque-mort . La description de l’économie circulaire est limpide. 

Sur un plan plus subjectif, cette histoire nous a toujours semblé sous-cotée, sous estimée. Peu citée en tout cas parmi les perles de la série. Peut-être est-ce à cause de la deuxième convocation de Billy The Kid qui fait l’effet d’un expédient dans l’esprit de certains. Dans le site « Babélio », un internaute avance l’hypothèse que le tort de cet album est de figurer « coincé » entre les deux meilleurs de la série (« Le XXeme de Cavalerie ») et (« Des barbelés sur la prairie »). L’explication se tient.

Certains ont donc reproché aux auteurs d’avoir produit cet album dans une certaine facilité. Goscinny utilisant un personnage du passé (comme avec les Dalton ceci-dit) , et Morris se complaisant dans des illustrations sans grande recherche. « Côté dessin, c’est un univers minimaliste qui est choisi par Morris. Du désert et peu de prises de risques. On est loin des standards graphiques atteints par « Les Rivaux de Painful Gulch » ou « La Caravane » peut-on lire sur le site « Sens critique » (auteur  : JLP).

Nous serons  moins sévères. Les auteurs récitent peut-être une partition, mais ils restent des virtuoses.

 

Le gag

La meule de foin.