Tortillas pour les Dalton – 1967

Prépublication dans « Spirou » (1466-1487)  de mai à octobre 1966. 

Le dernier album édité chez Dupuis sonne comme un formidable adieu de Morris et Goscinny à l’éditeur de leurs débuts. Pour la deuxième fois, Lucky Luke quitte le territoire des Etats-Unis. Après le Canada dans « Les Dalton dans le Blizzard », l’action met cette fois le cap au sud, vers le Mexique, pays également visité plus tard dans « Canyon Apache ». Cet album exotique en rajoute sur les clichés attribués aux Mexicains, la sieste, le retard économique, les combats de coqs et la tequila.
Les Dalton y font la connaissance d’Emilio Espuelas, truand local. Le ressort de l’humour est basé sur le choc des cultures entre deux conceptions du banditisme, ce qui génère des dialogues et des quiproquos absolument hilarants avec un Joe et un Averell au sommet de leur art. La densité de l’histoire est exceptionnelle, très peu de temps morts, énormément de rebondissements.
Incontestablement, cet album mérite de figurer dans le top 5 de la série et sa couverture est très réussie. La personnalité du notable local Don Doroteo Prieto est aussi très intéressante. Collaborateur de Lucky Luke, il est quand même subtilement épinglé comme responsable de la pauvreté ambiante.
La confrontation entre Ran Tan Plan et son alter ego mexicain, l’intelligence en plus. Il s’agit de Rodriguez, un minuscule chihuahua.

Curiosité

Pour la première fois, l’image de Lucky Luke n’apparait pas du tout sur la couverture de l’album. Les Dalton sont des stars à l’égal du héros de départ de la série. Mais l’effigie de Lucky Luke a été rajoutée par la suite.

La réplique

« Cucuacomekiki »

Passionné de BD, le journaliste Jérôme Dupuis a donné son propre classement des albums dans le Magazine Lire hors série consacré à Lucky Luke. (« L’histoire secrète de Lucky Luke »)Il a placé « Tortillas pour les Dalton » en tête. Voici ce qu’il a écrit. 

« Il fallait qu’il y ait les Dalton forcément. Il fallait une couverture d’anthologie. Il fallait la présence de notre cher Ran Tan Plan. Il fallait les running gags de Goscinny. Il fallait un Morris au mieux de sa forme. Et bien, tout cela, on le trouve à l’état chimiquement pur dans Tortillas pour les Dalton…. C’est un festival de gags et de quiproquos sur la frontière, la langue et la sacro-sainte sieste (qui vaudrait sans doute à Goscinny d’être accusé de « mexicanophobie » en ces temps de politiquement correct chatouilleux, mais on était en 1967). 

L’intrigue est une mécanique parfaitement huilée, le dessin est sublime, avec des scène de nuit d’anthologie. Caramba ! Tortillas est bien le meilleur album de Lucky Luke de tous les temps.